Julius chante
le vieux Paris
le Docteur Julius chante l’histoire
du peuple de Paris
et commente l’actualité de notre époque
La mémoire nous appelle !
Le G7, le Brexit, sans parler de c’qui s’passe en Europe…
Franchement, c’est l’bouzon (le désordre – ndt). J’ai l’impression qu’ le monde est envahi par les ch’vaux légers… les va-t-en-guerre, les nationaleux quoi !
100 ans après la Grande Guerre et le traité de Versailles, c’est comm’ quoi qu’on a rien appris !
L’immense Frehel chantait déjà ça au début des années 30 pour alerter l’populo qu’les politicards ont mangé la consigne (oublié leurs promesses – ndt).
Comme chaque fois, « les morts appellent les vivants » !
La Der des Ders – Samedi 8 déc. 2018
Julius à la Fête 1900 – Morêt-sur-Loing 2018
Julius au bord de l’eau à Méréville
Me Too, et ça date pas d’hier !
C’est à en pisser d’l’oeil ! Je pensais qu’le destin des gerces s’était amélioré, qu’on considérait maintenant les gigolettes autrement que comme des rôdeuses. Patatra ! L’affaire Weinstein est passée par là ! Par les latronspème, les michés ou même el’laquereaumuche, c’est à la dure qu’ell’s sont traitées.
Mon camarluche Jules en parlait déjà. Rien ne change. C’est l’hiver quoi !
Traduction pour ceuss qui caus’nt pas l’anglais :
« C’est à pleurer. Je pensais que le destin des femmes s’était amélioré, qu’on les considérait autrement que comme des objets sexuels.
Patatra ! L’affaire Weinstein est survenue ! Par les patrons, les dragueurs ou même leur compagnon, elle subissent des traitements violents.
Mon ami Jules (il s’agit ici du poète Jules JOUY, surnommé « le chourineur » car sa plume assassine était plus affutée qu’un surin – note du traducteur) l’évoquait déjà (dans la chanson « fille d’ouvriers », écrite suite à un scandale de viol par un patron – note du traducteur).
Rien ne change. La vie est difficile. »
Julius chante LA BELLE EPOQUE
Julius à Morêt-sur-Loing pour la fête 1900
Les élections sont finies. Ouf !
« Ouf ! C’est fini des faiseurs et des baveux. Maintenant les clampins à 25 francs sont dans l’aquarium pour débiter des flanches. Vive la République ! Mais faut dire qu’ c’est un drôle de truc vot’ élection du Président au suffrage universel. On a essayé en 48. Badinguet s’est fait l’darôn, même qu’i’ passait d’vant l’Parlement tous les ans. Et nous, on a fait l’lapin. Mais on a compris la l’çon : en 71, pour la 3ème, surtout pas de Président au suffrage universel ! Fini les rois élus ! On en parlait avec Jules : si Boulanger avait eu ça, lui qui f’sait sa cour avec des droitiers, des gauchers et même des chevaux légers, sûr que cet ex-ministre « révisionniste » aurait fait des dégâts. Tout l’monde s’rait v’nu à la bectance, car comme disait Bruant : « Et pour avoir un portefeuille / Ils nous foutraient bien dans l’gachis ! ». Y’a p’us d’saisons. Allez, salut les aminches. »
Pour ceuss qui sav’nt pas l’largonji, v’là la traduc mes bourgeois.
« Ouf ! C’en est terminé des bonimenteurs politiques et des commentateurs. Désormais, les députés (souvent traités à l’époque de paresseux qui se contentaient de toucher leurs 25 francs d’indemnité journalière – note du traducteur) siègent et discourent à la Chambre. Vive la République ! Mais votre élection du Président de la République au suffrage universel me paraît assez bizarre. Nous avons eu cette situation en 1848. Le Prince Louis-Napoléon Bonaparte a été élu, et se présentait même devant le Parlement tous les ans. Et nous, nous en avons subi l’expérience désastreuse (faut-il rappeler que Louis-Napoléon Bonaparte se servit du suffrage universel et du plébiscite, sorte de référendum, pour prendre le pouvoir comme Empereur contre la République – note du traducteur). Mais nous avons compris la leçon : en 1871, pour la 3ème République, pas de d’élection du Président de la République au suffrage universel ! Finis les rois élus (faut-il rappeler que la méfiance des démocrates pour cette modalité de nomination du Chef de l’Etat s’est poursuivie dans notre histoire lors de la naissance de la 4ème et de la 5ème République, jusqu’au référendum d’octobre 1962 – note du traducteur) ! Nous en discutions avec Jules (probablement Jules Jouy, poète anti-boulangiste et ami du Docteur Julius) : si le Général Boulanger avait disposé de cette modalité électorale, lui qui rassemblait autour de lui des gens de gauche, de droite et même d’extrême-droite, il est probable que cet ancien Ministre « anti-système » (ce mot paraît actuellement le plus approprié pour traduire le terme de « révisionniste » – note du traducteur) aurait perturbé le pays. Nombre de gens seraient venus à lui, attirés surtout par les mannes du succès car, comme disait Aristide Bruant : « Et pour avoir un portefeuille / Ils nous foutraient bien dans l’gachis ! (il s’agit ici d’une citation extraite des souloloques d’Honoré Constant, fictif député de la Seine dans les écrits de l’auteur – note du traducteur)». Décidément, les choses ont bien changé. Je vous salue chers amis. »
Fillon inquiété par les juges
Quand j’pense à c’pauv’ miséreux d’la Sarthe, obligé d’émigrer à Pantruche, et qu’est forcé d’sout’nir sa gerce pour survivre, c’est dur. Quand une bonne croyante s’met à truquer, faire le truc, quoi, c’est qu’la famille est sur l’tas ! Y’a pas de honte. Bibi Chopin de Belleville a bien sout’nu sa sœur. C’est l’hiver, quoi ! »
Cresto : RECTIFICATIF
L’aminche qui m’traduit l’arguche m’fait l’arçon que j’me suis foutu d’dans quand j’ai parlé du pauv’ miséreux d’la Sarthe. En vrai c’t’un batteur, un chiqueur de première.
Mon ami Aristide Bruant a raison de dire :
« Il faut bien reconnaître, en passant, que le pauvre populo se fait casser la gueule de temps en temps à seule fin que les messieurs pas bêtes mettent du beurre dans les épinards. Soyons justes, ça ne prend plus beaucoup. La politique, on sait trop ce qu’en vaut l’aune, et tout un chacun aime mieux garder sa figure à peu près intacte. Aussi, ce que les moralistes gémissent : « les temps héroïques sont passés »… L’héroïsme, voyez-vous mes amis, c’est ce qu’on demande aux autres. Après vous, messieurs les dirigeants, s’il en reste ! (A. Bruant – Les bas-fonds) ».
Pour ceuss qu’entrav’nt que pouic à la langue verte :
Lorsque je pense à cette personnalité qui vit au dessous du seuil de pauvreté, venue de la Sarthe pour s’installer à Paris, et qui est obligée de faire œuvrer son épouse pour assurer sa subsistance, je trouve cela profondément injuste (il est possible que le Docteur Julius fasse ici référence à une actualité récente impliquant un homme politique actuellement en difficulté, et qu’il ne dispose pas, étant issu du XIXème siècle, de toutes les clés de lecture pour son analyse – note du traducteur). Lorsqu’une bonne croyante se voie conduite à des comportements immoraux (truquer ou faire le truc était employé au XIXème siècle pour décrire la pratique de la prostitution. Par extension, cela signifie « s’adonner à des pratiques illégales ou immorales » – note du traducteur), c’est que sa famille est sans domicile fixe. Cela n’est pas une situation honteuse. Bibi Chopin (le fils de JB Chopin – note du traducteur) a bien prostitué sa sœur (Le Dr Julius fait allusion ici au personnage de la chanson de son ami Aristide Bruant Belleville-Ménilmontant : « Depuis c’est moi qu’est l’sout’neur – Naturel à ma p’tit’ sœur »). Les temps sont difficiles.
Attention : RECTIFICATIF
Mon éminent collègue expert en traduction de la langue argotique me fait part d’une erreur dans mon analyse sur la personnalité miséreuse de la Sarthe. Il apparaît en réalité que c’est un menteur et abuseur très chevronné. Mon ami… (la suite semble compréhensible avec le langage épuré d’Aristide Bruant et je ne suis pas payé pour traduire les autres auteurs. – note du traducteur).
Les primaires sont finies et la campagne commence
J’ai suivi l’ours des bavards d’la politique… A droite, à gauche… vos primaires, quoi ! Ca bagoulait, ça potinait entre frapouilles. V’là ben longtemps qu’la plupart d’ces gars-là ont pas vu du populo ! J’ai l’impression qu’les droitiers, et même des gauchers avec, i’s s’prenn’nt pas pour d’la rinçure de cuvette. C’est du linge ! Mais pour c’qui est des avances, c’est d’la mousse, du vent ! Déjà d’mon temps, entre Ferry et Boulanger, y’avait d’quoi flancher. On a raison d’le dire : pour être heureux vraiment, faut plus d’gouvernement ! »
Pour ceuss qui causent pas l’anglais :
J’ai regardé attentivement la scénographie organisée avec vos acteurs de la politique… A droite, à gauche. Vos élections primaires, si j’ai bien compris ! Il apparaît que ces personnages ne se sont pas confrontés depuis un certain temps avec la réalité du peuple ! Ces hommes politiques de droite, et il en va sans doute de même pour certains qui se disent de gauche (nous rappellerons ici que le Docteur Julius, venu du XIXème siècle, est peu familier des évolutions politiques contemporaines, et que son propos ne vise pas à développer une pensée politique partisane – note du traducteur), ont une certaine opinion d’eux-mêmes. Ils se perçoivent comme des gens importants. Mais pour ce qui est des propositions, cela ressemble à de vaines paroles, à d’hypothétiques promesses. Déjà à mon époque, entre Ferry (Jules – note du traducteur) et Boulanger (le Général – note du traducteur), le peuple était plus qu’hésitant. On a raison de le dire: pour être heureux vraiment, faut plus d’gouvernement ! (le Docteur Julius fait ici allusion à deux auteurs, François Brunel pour sa chanson « faut plus d’gouvernement » ; et Aristide Bruant pour son monologue « p’us d’patrons » – note du traducteur).